Cher Frère et Ami,

Je te transmets mon adaptation d'un passage que j'ai lu hier dans un bouquin sur l'architecture (La Forme Initiale de G. Jouven, un classique).

La Jérusalem Céleste

Il s'agit d'une description de la Jérusalem Céleste dans l'Apocalypse de St Jean, chap21 et 22. Jouven soutient l'idée que St Jean était moins kabbaliste qu'arithmologue au sens antique du terme. Et en effet, les mesures de la Ville Sainte incorporent des nombres symboliques que l'on retrouve chez les Égyptiens (normal...) et aussi Sumériens, ce qui est intéressant quand on songe aux similarités de l'épopée de Gilgamesh et de certains passages de l'Ancien (déluge, arche, ...) et du Nouveau Testament. Je me demande s'il n'y avait pas un courant "traditionaliste" à l'époque se basant sur les textes, antiques pour eux, comme le suggère par ailleurs les "bibliothèques de rouleaux" découvertes à Qumram, chez les Esséniens. Les liens avec la tradition juive étant tout de même puissants, ce courant aurait intégré néanmoins des traditions parallèles, le tout étant en rupture avec l'orthodoxie mystique d'alors. De toute façon s'il est vrai que St Jean a voyagé en Grèce autour des années 60 à 100, et qu'il y a prêché l'évangile, il est forcément tombé sur les sectes pythagoriciennes et autres... d'où son message aux sept Églises d'Asie. Et vu l'immense érudition numérologique de l'Apocalypse, il a sûrement étudié plus que profondément ces Arts, qui ne sont rien sans la Science, là-même où ils étaient enseignés.

C'est très marrant de voir comment un même fleuve tourne en boucle entre les mêmes contrées en s'enrichissant de nouveaux affluents, sans cesse. L'émission sur la kabbale chrétienne* évoquait comment le Christ (ou les kabbalistes chrétiens) a apporté à la kabbale juive la notion de la croix et celle plus grande encore du Dieu tout amour. Et aujourd'hui, la kabbale ésotériste nous renvoie des images de paix et d'amour divins avec, par exemple, dans l'arbre Séphirotique Chesed, la miséricorde, sensiblement différent du Dieu que présente la Genèse.

  • Pourquoi 153 poissons ?

Cela se rapporte à l'évangile de St Jean (21, 11) : Alors Simon-Pierre monta dans le bateau et tira à terre le filet, plein de gros poissons : cent cinquante trois ; et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas. Les 153 poissons font évidemment référence aux âmes des pêcheurs... Saint Augustin rapporta dans son Traité sur l'Évangile de Saint Jean que 153 est le nombre triangulaire sacré de 17. 

En fait la colonne de chiffres où se trouve 153 est obtenue en faisant le nombre triangulaire du nombre de chiffres par ligne. Ainsi, le nombre triangulaire de 3 fait 6 (et son nombre carré fait 9), le triangle de 4 fait 10 (je te renvoie directement à la tétractys de Pythagore), celui de 5 fait 15 (intéressant pour expliquer que Satan se niche dans le cœur de tout homme), et celui de 17 fait 153. Ainsi, il est clair qu'en tant qu'hommes, nous nous trouvons en bas de la pyramide de l'Ascension comme l'appelle Jouven. C'est un très grand arcane, ces nombres triangulaires. Je m'y plonge de plus en plus, et c'est assez prodigieux. La formule pour trouver un nombre triangulaire est T=n(n+1)/2.

  • Pourquoi 17 ?

Parce-qu'il y a 17 chiffres dans 1,2,3,4,5,6,7,8,9,8,7,6,5,4,3,2,1, et que notre système numéral est de base 10, donc on s'arrête à 9 ; au delà c'est le chaos ou si tu préfères le tohu bohu (j'ai déjà écrit là-dessus sur ton forum je crois). Rappelle-toi aussi l'importance du nombre 9 chez Appolonius de Tyane : neuf, le nombre qui ne dois pas être révélé.

  • Que signifient le Jod Hé Vav Hé qui descend et le Iéshoua qui remonte ?

Il s'agit pour moi d'une figuration analogue au Sceau de Salomon pris sous l'angle création(chute)/rédemption. Plutôt que réintégration, je préfère le terme bien supérieur de rédemption dans ce cas, car il faut absolument comprendre qu'on ne remonte la pyramide de l'Ascension qu'avec le Christ dans la perspective Évangélique. Rappelle toi ce passage: "Jésus lui dit : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi.", Jean 14, 6.

J'aime assez l'introduction du Shin dans JHVH, que nous devons je crois à Reuchlin. Les flammes de Shin permettent d'épurer les "écorces", de séparer l'épais du subtil, et comme le subtil monte...

A bientôt,

Arsène Saint-Agnile / reçu le samedi 17 février 2001.

* Les Chemins de la Connaissance, sur France Culture.



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